Dans le département du Gers, on rencontre parfois au détour d’une petite route ou à l’abri d’un bosquet de bien curieux édifices en forme de tours creusées d’une niche : La pile, dite plus précisément pile romaine, pile gallo-romaine.

A la découverte des vestiges du passé

Tour de Biran

Ces piles, élevées entre le Ier et le IVe siècle portent souvent un nom local, comme « tourraque », de l’occitan de « tour » ou « Peyrelongue » « pierre longue ». Le socle est de dimensions supérieures au reste de la construction, puis suivent des « étages » simulés par des bandeaux ou des corniches.

Un dernier niveau présente une niche, le plus souvent voûtée en berceau ou en cul-de-four, orientée à l’est ou au sud, qui abrite une statue.

Le sommet de la pile est en forme de dôme, de cône ou de pyramide. La tour est pleine : les murs extérieurs sont en pierre ou en brique, tandis que l’intérieur reçoit un blocage de matériaux grossiers.

La hauteur moyenne d’une pile, difficile à établir en raison de la dégradation des monuments subsistants, pouvait atteindre ou dépasser une dizaine de mètres

De riches sépultures ?

Les historiens ont longtemps hésité, et aujourd’hui affirment qu’il s’agit de monuments funéraires érigés en l’honneur d’une importante personnalité locale, certainement un grand propriétaire terrien. Les tombeaux se trouvaient dans l’enceinte entourant la pile.

Cette fonction funéraire n’est pas forcément en contradiction avec les diverses hypothèses car les tombeaux étaient souvent bâtis aux carrefours, selon les règles mêmes établies par les arpenteurs romains, et leurs enceintes, presque toutes disparues, contenaient objets de culte et statues de divinités.

Des monuments funéraires dont on peut comparer le principe à celui des « piles » françaises se trouvent aussi en Espagne (tour des Scipion à Tarragone), en Allemagne, en Tunisie ou en Libye.

Pile Ordan

A Auch, le Musée des Amériques–Auch dispose d’une galerie « Antiqués » qui témoigne de l’histoire romaine et gallo-romaine d’Auch et du Gers.

Où les voir ?

Dans le département du Gers, il en subsiste 8.

Carte pile gallo-romaine

Dans le secteur d’Auch :

Saint-Lary : (43.72042, 0.494952) à l’ouest du village, à environ 900m de la D930 reliant Auch et Condom , la pile “la plus intéressante du Gers”. Haute de 11.20m, elle a conservé une grande partie de son revêtement extérieur et de sa décoration.

Ordan-Larroque :

  • au nord-est du village la pile de Lasserre, ou d’Encassou-Pancaran. Haute de 6 m, très dégradée.
  • (43.701286, 0.468689) au nord du village, rive droite de l’Arros la pile de Larroque-Mengot. Haute de 12 m, le parement et la niche supérieure ont disparu. La petite niche a été aménagée au XIXe s.

Biran : (43.684741, 0.39718) la tourraque de Lacouture. Haute de 11 m, c’est la plus imposante des piles gersoises. La niche, voûtée en cul-de-four, s’ouvre vers l’est.

Dans le secteur de Vic-Fezensac :

Roquebrune : (43.70076, 0.281492) la pile de Montjoie. De faible hauteur, elle comporte une niche voûtée en berceau et sa nature n’est pas connue avec précision, il pourrait s’agir d’un temple. Le toponyme Montjoie, désignant fréquemment l’emplacement d’un monument élevé à un carrefour, se retrouve parfois associé à une pile.

Saint-Arailles : (43.622444, 0.358235) à 500 m au sud du village la tourraque de Merlieu. La pile commence à être démolie en 1856. Après disparition de la partie supérieure, la hauteur est de 5 m, la base de 3,80 m sur 2,70 m.

Dans le secteur de Mirande :

Mirande : à 2km au nord–est rive droite de la grande Baïse la pile d’Artigues ou de Betbèze, dont ne subsiste que la base (4.5 m de haut)

Lamazère : à 1.5 km au nord du village rive droite de la petite Baïse la tourraque d’Ortolas, hauteur 5,50 m.

LE SAVIEZ-VOUS ?
Ces monuments funéraires étaient ré-utilisables : la niche des piles abritaient une statue dont la tête amovible pouvait être changée et remplacée…

Sources : Carte Archéologique de la Gaule – Le Gers – Jacques Lapart et Catherine Petit sous la responsabilité de Michel Provost – Académie des inscriptions et Belles-Lettres, Ministère de la Culture, 354 pages, 1993.

Patrimoine & Culture

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Sylvain

Le 24 février 2014